Ancienne église des Franciscains
Une communauté franciscaine s'installe à Sélestat en 1280 et construit un monastère, avec l'appui financier du Comte de Werdt, landgrave d'Alsace, et du Chevalier Hartmann von Rathsamhausen. Le choeur de l'église monastique est achevé avant la fin du XIIIème siècle. La nef, aux imposantes dimensions, ne sera terminée que quelques décennies plus tard, au cours du XIVème siècle, de même que les bâtiments conventuels.
Vers 1425-30, une chapelle polygonale dédiée à la Vierge est ajoutée, en hors d'oeuvre, entre le choeur et la nef. Elle sera ensuite surmontée d'une tourelle d'escalier s'achevant en flèche flamboyante. Après le départ des Franciscains en1522, l'église devient successivement école, demeure de sages-femmes, dépôt d'accessoires de chasse.
En 1621, les Récollets (réformateurs franciscains) reprennent possession des bâtiments et les restaurent La Révolution fera de l'église un magasin à fourrage et des bâtiments annexes une caserne, une salpêtrière et une prison ! Puis ces locaux vont rester inemployés jusqu'en 1878, date importante pour la communauté protestante puisqu'elle va enfin obtenir un lieu de culte décent, en rapport avec le nombre croissant des chrétiens d'obédience luthérienne. La nef est démolie, parce que jugée trop vétuste et le choeur est reconverti en temple, avec édification d'une nouvelle façade occidentale sous la direction de l'architecte Stamm. Ainsi remanié, le temple peut désormais accueillir 400 personnes.v
Extérieur
La façade néo-gothique s'ouvre par un portail surmonté d'un arc en accolade dont l'extrémité supérieure s'entoure de deux baies cintrées. Comme il est de règle dans le style des ordres mendiants,le choeur est élancé, allongé et solidement épaulé par une série très dense de contreforts dépourvus d'ornement.
Les parties les plus attachantes de ce gothique austère sont la chapelle à cinq pans adossée au mur nord et surtout la très élégante flèche ajourée, abritant une cloche unique, entourée de belles gargouilles et qui prolonge avec une contrastante allégresse la sévère tourelle desservant, à l'intérieur, la tribune d'orgue. Les fenêtres se terminent en lancettes aux remplages discrets.
Intérieur
Nous avons affaire ici à un gothique très pur. Achevé en 1281, l'ancien choeur franciscain est couvert de voûtes d'ogives, alors que la nef disparue n'avait été que plafonnée. Les clés de ces voûtes sont feuillagées, à l'imitation peut-être de celles de l'église, aujourd'hui désaffectée, des Dominicaines (également à Sélestat). On aperçoit à droite, en pénétrant dans le vestibule, le buste en médaillon de Martin Bucer, grand réformateur alsacien dont la maison natale se trouve à deux pas de cette église, au 7 Impasse Plobmann. Sur le mur gauche se remarque une pierre tombale, celle du noble Daniel de Montesquiou, gouverneur militaire de Sélestat en 1699 et 1715. Le gisant du fondateur Hartmann von Rathsamhausen se trouvait aussi dans ce temple, jusqu'à son transfert dans le vestibule de la Bibliothèque Humaniste d'où, quoique scellé et malgré ses 500 kilos, il a disparu en plein jour, emporté par d'étranges voleurs...
L'abside à cinq pans est éclairée par trois fenêtres.Les vitraux du XIXème siècle, détruits pendant la guerre de 39-45, sont remplacés en 1957. Le vitrail central représente Moïse et Jésus, ceux qui l'entourent montrent, de gauche à droite, les quatre évangélistes : Luc, Matthieu, Marc et Jean. L'orgue Rinckenbach, d'une sonorité généreuse, a été installé au début des années 1880. En dehors des heures de cultes, le temple protestant n'est accessible au public que durant les mois de juillet et d'août.
Intéressant
• "Eradiqué" vers la fin du XVIIème s. par l'action contre-réformatrice des Jésuites, le protestantisme sélestadien ne réapparaît qu'au début du XIXème s. Les protestants devront cependant attendre 1839 pour obtenir enfin un oratoire, un presbytère et une école (Place du Marché-aux-Choux).
• Les anciens bâtiments conventuels des Franciscains (puis des Récollets) sont démolis en 1880 pour laisser la place à une robuste construction scolaire : l'actuelle Ecole du Centre qui se signale par un amusant clocheton muni, en guise de battant de cloche, d'un heurtoir de wagon.