Des monnaies romaines trouvées en 1902 attestent une présence de colons "italiques" que les spécialistes situent aux alentours du 3ème siècle après JC.

Lorsque le futur empereur Charlemagne s’arrête à Scladistat en 775 pour y fêter Noël, le lieu n’est encore qu’une petite bourgade bâtie autour d’un palais royal carolingien.

Possession zürichoise en 869, ce qui deviendra plus tard une ville entourée de murailles fait en 1094 l’objet d’une donation de la part de Hildegard von Büren.
Les bénéficiaires en sont des moines bénédictins venus de Conques (Aveyron) et qui, durant la seconde moitié du XIIème siècle, construisent un prieuré dont il subsiste aujourd’hui la très belle église romane Sainte-Foy. Autour de cet établissement monastique, l’agglomération prend de l’ampleur. Elle est fortifiée en 1216 à la demande d’un empereur, le puissant Frédéric II, de la prestigieuse dynastie des Hohenstaufen.

Sélestat devient une ville libre impériale et les corporations urbaines décident la construction d’une nouvelle église, plus vaste que la prieurale Sainte-Foy et le plus près possible de celle-ci : une façon de dire au prieur, autorité religieuse et politique, qu’il va devoir désormais compter avec l’organisation corporative de la cité.

Au cours du XIIIème siècle, d’autres communautés religieuses s’installent à l’abri des fortifications : les Dominicaines, les Hospitaliers de Saint-Jean, les Franciscains, les Dominicains.

En 1354, Sélestat est une des dix villes alsaciennes à se prêter mutuellement assistance dans le cadre d’une Décapole.

Au début du XVème siècle, une école latine se fait connaître dont la réputation ira croissant durant les décennies suivantes, pour atteindre son apogée vers 1510. Un prêtre lettré décide en 1452 de léguer ses manuscrits à cette école : c’est la naissance d’une bibliothèque fameuse qui, quelques siècles plus tard, recevra le qualificatif d’ "humaniste" par référence à ceux qui ont constitué les deux fonds principaux, le curé Jean de Westhus et le célèbre érudit sélestadien Beatus Rhenanus. En 1507, un ancien élève de cette "grande" école latine, prestigieux foyer d ‘humanisme, le poète et géographe Mathias Ringmann baptise le nouveau continent découvert par Christophe Colomb. Il l’appelle America en l’honneur d’un autre navigateur, Amerigo Vespucci qui, à la fin du XVème s., a suivi la même voie que le premier, mais qui n’a pas hésité, lui, à parler de "monde nouveau" à propos de ce qui deviendra l’Amérique. Un continent qui doit donc son nom à un ... Sélestadien !

Une autre "invention" sélestadienne à retentissement mondial : le sapin de Noël.
Se fondant sur une mention figurant dans un livre comptable de la ville et portant la date du 21 décembre 1521, les Sélestadiens s’attribuent aujourd’hui, avec beaucoup d’audace, le mérite d’avoir lancé la tradition de l’arbre de Noël décoré ! La réalité historique est évidemment plus complexe et moins chauvine !

En 1615, les Jésuites s’installent à Sélestat. L’église romane se baroquise sous l’influence de ces "contre-réformateurs" zélés.

En 1634, les troupes du roi de France Louis XIII investissent la ville. C’est le début de la souveraineté française qui se traduira en 1673 par la décision de démanteler les anciennes fortifications médiévales pour les remplacer par le système beaucoup plus efficace de l’ingénieur militaire Vauban. En 1765, Louis XV ordonne le départ des Jésuites et en 1791, ce sont tous les ordres monastiques qui sont expulsés. La révolution entre en 1793 dans sa phase terroriste et de nombreux monuments de la ville sont mutilés par des groupuscules fanatiques. Assiégée deux fois (1814 et 1815), la ville connaît à partir de 1820 une extension dans toutes les directions et se trouve à l’étroit dans son enceinte du XVIIème siècle. C’est sans état d’âme (l’époque n’était guère respectueuse du patrimoine historique) que les autorités allemandes de 1874 se prononcent pour une démolition des remparts Vauban. Un peu plus tard, l’église Sainte-Foy fait l’objet d’une importante "cure de rajeunissement" : on essaie, parfois de manière discutable, de redonner à l’édifice l’aspect qu’il avait avant les "hénaurmes" remaniements perpétrés par les Jésuites aux XVIIème et XVIIIème siècles.

Une synagogue est construite en 1890, dans le style romano-byzantin.

En 1906, on termine l’édification d’un ouvrage utilitaire qui demeure un signal très éloquent au carrefour des axes nord-sud et ouest-est : le fameux château d’eau, une des plus belles réussites de l’architecture édilitaire du 20ème siècle alsacien.

Le premier Corso Fleuri est organisé en 1929. Cette fête populaire reste aujourd’hui l’une des plus fréquentées d’Alsace.

Avec les constructions de l’hôpital (1956), de la piscine (1957), de l’église Notre-Dame-de-la-Paix (1960), du Front Culturel de l’Ill (années 1990-2000) et de la salle des Tanzmatten (2000), la ville achève en 2018, avec l'indiscutable réussite de la Nouvelle Bibliothèque Humaniste, de se doter des infrastructures nécessaires au maintien de son statut de petite capitale au cœur de la plaine d’Alsace.

Il faudra bien un jour que le tourisme culturel s’impose dans cette ville, qui compte nettement plus de monuments historiques qu’Obernai, mais reçoit dix fois moins de visiteurs ! Sa Bibliothèque Humaniste, reconnue « patrimoine mondial » par l’Unesco, mériterait à elle seule le déplacement. Confiez-vous au seul guide professionel qui y habite et qui célèbre sa ville d’adoption dans plusieurs ouvrages documentaires.
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