Située à une centaine de mètres de son aînée romane, l'église gothique Saint-Georges est dressée, par la volonté des corporations sélestadiennes, comme un défi à l'autorité bénédictine du prieuré Sainte-Foy. Elle est établie à l'emplacement d'une chapelle carolingienne dont on a pu repérer les fondations à l'occasion de fouilles pratiquées en 1902.
Construite à partir des années 1230, d'Est en Ouest, cet édifice aux dimensions de cathédrale n'est achevé qu'en 1490 avec l'érection de la tour occidentale dont l'esthétique relève du style gothique flamboyant. Au XVIIème siècle, la tour de croisée se couvre d'une toiture galbée et se baroquise après l'intervention d'architectes milanais. Cette tour est restaurée au XIXème siècle dans un style néo-gothique discutable. Elle retrouve son aspect baroque à l'occasion des réparations rendues nécessaires après les dommages causés par les combats de 1944/45.
D'une composition architecturale soignée, cette entrée superpose trois niveaux : celui du portail à voussures et tympan sculptés, celui de la grande rose à dix pétales, celui enfin de l'étage supérieur avec balustrade, pignon et horloge. Les murs extérieurs des nefs latérales obéissent à l'esthétique de transition des années 1220-1230, avec des fenêtres en plein-cintre d'inspiration romane. La haute nef est contrebutée par des arcs-boutants, selon la technique nouvelle du premier art gothique, ce qui autorise une datation de cette partie d'église aux alentours de 1250. La partie orientale de l'église se ferme sur le chevet plat d'un choeur surélevé du XVème siècle ayant remplacé celui du XIIIème s. devenu trop exigu.
Extérieur
Scandée par six contreforts, la façade ouest (XIVème siècle) correspond au mur d'un véritable transept occidental. Les sculptures du portail sont du XIXème siècle et remplacent celles détruites durant la Révolution. Dominée par une tour de 60 m, cette imposante façade surprend par sa sobriété. L'essentiel de l'ornementation se trouve en fait rassemblé au portail sud qui constitue d'ailleurs la vraie entrée principale de l'édifice
Intérieur
Commencé sans doute en même temps que celui de la cathédrale de Strasbourg, le vaisseau central, voûté d'ogives, ne sera terminé qu'à l'extrème fin du XIIIème s. Les bas-côtés sont légèrement antérieurs. La construction a très probablement débuté par les murs extérieurs vers 1220. Les murs orientaux du transept s'ouvrent sur des absidioles dont le décor peint remonte à une campagne de restauration du XIXème s. Le choeur du XVème s. a été séparé de la nef par un jubé détruit par le vandalisme révolutionnaire. La grande richesse de ce choeur est constituée par les magnifiques verrières qui font de cet endroit sacré un des hauts-lieux alsaciens du vitrail. Cet ensemble exceptionnel compte 288 panneaux dont 55 d'origine médiévale (XVème s.)
Chaire et statuaire
La chaire renaissance se distingue par l'exceptionnelle richesse de son décor. Achevée en 1619, elle présente une cuve en pierre peinte et dorée, portée par deux colonnes et un athlétique Samson aux veines saillantes. Les statues en bois des niches sont du XIXème s. Elles sont dues au talent "conjugal" d'Ignace Sichler et Catherine Vallastre et remplacent les originales du XVIème s., victimes elles aussi de l'iconoclasme révolutionnaire. On doit aux mêmes artistes les saints assis sur l'abat-voix et le Christ enseignant qui les domine.Les statues des croisillons nord et sud, de facture baroque, sont celles de Saint-Grégoire (pape avec tiare et bible, au sud), Saint Ambroise (avec mitre, au sud) et Saint-Augustin (avec coeur, au sud).
Au-dessus de la petite porte nord se remarque une émouvante face de Christ attribuée à Conrad Sifer. Les deux niches, à l'entrée du choeur, abritent l'une Saint-Paul et l'autre Saint-Pierre (porteur de clé).
Orgue
Restauré par Kern en 1975, cet instrument à 44 jeux date de l'extrème fin du XIXème s. Il est une des réussites du facteur alsacien Rinckenbach. Il a succédé à l'instrument des frères Callinet (prestigieux organiers du XIXème s.), lui-même ayant pris la place d'un fameux Silbermann de 1778.
Intéressant
• Dans le transept occidental, un bénitier est orné en bas-relief de l'aigle bicéphale des Habsbourg, maison autrichienne à la tête de l'Empire au moment de l'achèvement de la nef.
• Dans ce même transept s'alignent les épitaphes de quelques grands humanistes sélestadiens inhumés dans les parages des derniers piliers, notamment celle du célèbre Beatus Rhenanus.
• Quelques dimensions Longueur totale 64,85 m Hauteur grande nef 20 m Largeur totale 18,70 m Longueur choeur 21,85 m