Marie-Madeleine Sigward, harpe

Marie-Madeleine Sigward, harpe

Sourire celtique

On pourrait dire, en forçant gentiment sur la métaphore, qu’elle ne pratique pas son instrument, mais qu’elle l’habite ! La relation qu’elle entretient avec la harpe, qu’elle soit modestement celtique ou solennellement classique, relève le plus souvent du mimétisme.

En 1993, sa première apparition dans une visite guidée musicale (à Riquewihr) ne passe pas inaperçue. Sa musique ruisselle alors, au cœur de l’été touristique, dans la fraîcheur de la nuit tombante. Harmonie du soir dont Baudelaire aurait avec délice respiré les fragrances. Le public est conquis. Par la délicatesse des arpèges, mais aussi par la gracilité de la jeune interprète. Marie-Madeleine devient indispensable, d’emblée. Elle va faire admirer son talent discret, mais aussi sa grâce lumineuse, année après année, à Riquewihr, puis à Sélestat, où elle triomphe, à Hunawihr, à Kaysersberg, à Baldenheim, à Erstein ou à Kintzheim…

Enseignante au Conservatoire de Région à Strasbourg, puis à l’Ecole de Musique de Schiltigheim, elle aimerait tant pouvoir envisager la composition, ou d’autres disciplines musicales, comme la direction chorale. Mais le métier de musicienne est ingrat. Il s’agit d’abord d’en vivre. Et d’en faire vivre sa progéniture, en l’occurrence une chatte espiègle et drôle, qu’elle materne avec bonheur et qui la console des mesquineries quotidiennes.

Peut-être se décidera-t-elle bientôt, malgré les nécessités alimentaires, à concrétiser sa belle maîtrise instrumentale, à répondre aux vœux des nombreux auditeurs attendant avec impatience le CD qui la consacrerait dans le paysage musical de notre région. On imagine déjà, sur la pochette, son merveilleux sourire à travers les cordes : aussi limpide et frais qu’une eau de source filtrée par une construction de branchage et d’herbe folâtre.

Date

19 juin 2020

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