Jean-Pierre Albrecht, chanteur alsacien

Jean-Pierre Albrecht, chanteur alsacien

Le bronze d'une voix


Un jour, la comptabilité lui est sortie par tous les orifices : "Halte-là ! s'est-il alors exclamé. J'ai quand même une autre vie à mener. Il y a de l'énergie qui sommeille au fond de mes entrailles. Mon gosier produit du son de fort bon aloi. Pourquoi n'en ferais-je pas un meilleur usage ! "

C'était au temps de l'alsacien retrouvé, vers le début des années 1980. Siffer avait ouvert la voie. Il se jure alors d'éviter le piège de l'imitation. Pas question de faire du sous-Siffer !

"J'ai un patronyme qui craque et un physique de bûcheron moldave. Je dois pouvoir en tirer le meilleur parti !" Il teste à nouveau sa voix : elle sonne comme l'airain, sans effort. Il va falloir l'arrondir encore et lui apporter du texte à mastiquer.

Sa carrière de chanteur démarre en fanfare. Après le microsillon des débuts, viennent les CD de la "maturité". Puis, en 1993, la consécration d'un bretzel d'or, variété marrante d'oscar à la sauce alsacienne ! C'est le moment de l'intégrer dans une première visite guidée musicale, à Riquewihr : un sacré tabac ! Sa bouille faussement candide et la sonorité de son timbre sont irrésistibles. Le voilà engagé à vie dans des spectacles itinérants et nocturnes. Du coup, on le réclame jusqu'au sud de l'Alsace, dans ces zones demi-sauvages où ne s'aventurent que rarement les artistes du nord !

Il apparaît à la télé, on l'entend dans les radios, l'Allemagne l'appelle et le paye à peu près comme il le souhaite. Bref, ça marche du tonnerre.

En 2004, des nuages arrivent, en provenance du sommet de l'Etat français. Les intermittents sont trop chers, a dit le patronat. Vous avez raison M. le MEDEF, a répondu le gouvernement. Mais Jean-Pierre n'est pas homme à se laisser abattre. Il invente de nouveaux spectacles, s'adresse de plus en plus aux publics enfantins. Son talent de conteur y trouve son...compte et les écoles, les médiathèques en redemandent !

Tant qu'il y a de la vie, des poireaux au jardin et du vin dans la cave, se dit-il, pourquoi douter de l'avenir ? Alors bien sûr il continue, le Chempes, puisque le porte et le transporte sa voix inoxydable.

Date

19 juin 2020

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